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Le langage corporel à l’épreuve des cultures, des émotions et des jugements

  • zoghbisara8
  • 30 juin
  • 2 min de lecture

Il y a ce sourire mal compris. Ce rire étouffé qui fait grincer. Ce regard qui fuit au mauvais moment. Ou encore, dans une réunion, un entretien, ou même un dîner entre amis...quelque chose se fige. Un malaise. Un jugement. Un malentendu silencieux… mais tenace.

On aime croire que le langage corporel est plus authentique que les mots. Moins contrôlable, donc plus « vrai ». Pourtant, il est tout sauf universel. Il est traversé de normes culturelles, de réflexes sociaux et de filtres psychologiques (et c’est là que ça devient intéressant!).

Dans certaines cultures, on sourit pour éviter de perdre la face, alléger une tension ou encore pour masquer la honte. Mais ce même sourire, ailleurs, peut être vu comme une provocation, une indifférence, ou encore une moquerie. Le problème, c’est que dans les moments de vulnérabilité (deuil, conflit, annonce difficile,...) ces gestes deviennent des signaux puissants, scrutés et (souvent mal) interprétés.

Psychologiquement, ce décalage est lourd à porter. Une personne anxieuse qui rit sous pression est jugée comme ayant un comportement immature. Un individu qui évite le regard ou reste figé est perçu comme distant, voire hostile. Alors qu’en réalité, il s’agit souvent de stratégies de régulation émotionnelle, culturellement apprises et souvent inconscientes. Ce qui, dans une culture, signifie « je suis en train de tenir bon », peut, dans une autre, être interprété comme « je m’en fiche ».

Socialement, ces malentendus ont un coût. Dans les relations interculturelles, qu’elles soient professionnelles, amicales ou intimes, un geste mal lu peut fragiliser une confiance naissante, amplifier des préjugés ou créer une distance injustifiée. On juge des intentions à partir d’un corps qui n’a pas les mêmes habitudes expressives. Puis, très vite, on glisse de « je n’ai pas compris ce qu’il ressent » à « il est bizarre », « il cache quelque chose », ou pire : « il n’est pas digne de confiance ».

Dans les espaces multiculturels où l’on prétend valoriser la diversité, le corps reste paradoxalement un terrain normatif. On attend des postures « professionnelles », des attitudes « saines », des gestes « appropriés »… selon un modèle qui reste souvent très occidental. Or, pour une personne issue d’une autre culture, ou traversée par un autre rapport au monde, ces normes sont tout sauf neutres.


Alors, que faire pour éviter ces glissements d’interprétation ? Voici quelques pistes simples, mais essentielles :

1) Se rappeler que l’inconfort ne signifie pas l’irrespect : un rire nerveux, un silence prolongé ou une posture fermée peuvent être des tentatives d’adaptation, pas toujours des signes de désinvolture.

2) Décoder, oui, mais sans projeter : ce que l’on croit lire dans le corps de l’autre est souvent le reflet de nos propres normes. Prendre le temps de comprendre les logiques culturelles derrière un comportement change tout.

3) Ouvrir l’échange : parfois, poser une question bienveillante (« est-ce que tout va bien ? » ou « je remarque que ce moment est un peu tendu, tu veux en parler ? ») permet de faire tomber l’interprétation et d’ouvrir à l’explication.

4) Cultiver la vigilance sans paranoïa : notre perception est influencée par des filtres sociaux, psychologiques et culturels. Reconnaître cette complexité, c’est aussi se donner la liberté d’apprendre autrement.


Parce qu’au fond, comprendre l’autre, c’est aussi écouter ce que son corps essaie de nous dire… sans toujours parler notre langue.

 
 
 

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