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L’influence culturelle dans la perception des thérapeutes et psychologues : une lecture du syndrome post-traumatique

  • zoghbisara8
  • 29 janv.
  • 3 min de lecture

Les troubles psychologiques, notamment le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), sont souvent étudiés et diagnostiqués à travers des prismes qui reflètent des normes et des cadres d’analyse propres aux sociétés occidentales. Pourtant, le degré de traumatisme, ainsi que sa manifestation, varient considérablement d’une culture à l’autre. Ce phénomène pose un défi majeur aux thérapeutes et psychologues, qui doivent naviguer entre leur formation académique souvent standardisée et les réalités culturelles des patients qu’ils accompagnent.


Une vision universelle du traumatisme ?

Les critères diagnostiques du SSPT, établis principalement dans le cadre du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), reposent sur des manifestations spécifiques comme les cauchemars, l’évitement ou encore l’hypervigilance. Toutefois, ces critères sont-ils adaptés à toutes les cultures ?

Dans certaines sociétés, notamment occidentales, le trauma est généralement conceptualisé en termes de blessures psychologiques individuelles, nécessitant un traitement personnel et introspectif. En revanche, dans d'autres cultures, la détresse psychologique liée à un traumatisme peut être exprimée collectivement, intégrée dans des récits communautaires ou même normalisée au sein de contextes où la souffrance est perçue comme un élément de l’histoire collective.

L’impact de la culture sur la perception du degré du trauma

Prenons l’exemple de conflits armés ou de catastrophes naturelles. Une personne vivant dans une société où la guerre est un événement rare peut développer un stress post-traumatique aigu après un attentat ou une attaque. À l’inverse, dans un pays en proie à des conflits répétés ou à une instabilité chronique, l’exposition à la violence peut être si fréquente qu’elle est intégrée dans la construction identitaire des individus. Les symptômes du SSPT peuvent être perçus différemment, voire minimisés.

Par exemple, dans des pays ayant connu des décennies de guerre, comme le Liban ou certaines régions d’Afrique subsaharienne, le traumatisme peut être banalisé au sein des familles et des communautés. Une personne vivant au quotidien dans un contexte de bombardements ou d’instabilité politique peut ne pas considérer ces événements comme une source de trauma nécessitant un traitement psychologique. Ce phénomène est connu sous le nom de désensibilisation culturelle au trauma.

À l’inverse, dans des contextes occidentaux où la stabilité est la norme, un accident de voiture ou une agression peut provoquer un SSPT sévère, car ces événements sont perçus comme des ruptures majeures dans un environnement normalement sécurisé.

Le défi des thérapeutes face aux réalités culturelles

Les thérapeutes et psychologues doivent composer avec ces différences de perception. Un patient originaire d’une société où l’expression de la souffrance est codifiée différemment peut ne pas verbaliser ses symptômes selon les critères standardisés du DSM-5. Par ailleurs, dans certaines cultures, l’expression du traumatisme passe davantage par des symptômes somatiques (douleurs corporelles, fatigue chronique) plutôt que par une verbalisation explicite des émotions.

Un autre défi réside dans la perception même de la thérapie. Dans certains milieux, consulter un psychologue est perçu comme un aveu de faiblesse ou comme une démarche inutile, alors que dans d’autres, cela est intégré dans un parcours de guérison normalisé.

Vers une approche pluraliste du traumatisme

Face à ces différences, il est essentiel d’adopter une approche plus inclusive et interculturelle en psychologie. Cela implique :

  • L’adaptation des méthodes thérapeutiques : utiliser des techniques qui intègrent les traditions culturelles du patient.

  • Une redéfinition du SSPT selon le contexte : accepter que le traumatisme n’a pas la même intensité ni les mêmes effets selon les expériences vécues dans chaque culture.

  • La formation des psychologues à la diversité culturelle : mieux comprendre les expressions du trauma dans différentes sociétés permet d'éviter des erreurs de diagnostic et d’adapter les traitements.


L’influence culturelle sur la perception du traumatisme est une réalité incontournable pour les thérapeutes et psychologues. Une approche standardisée ne peut suffire à comprendre la complexité du syndrome post-traumatique dans une diversité de contextes. Ainsi, une prise en compte des sensibilités culturelles permet non seulement une meilleure prise en charge des patients, mais aussi une reconnaissance des multiples formes de résilience à travers le monde.

 
 
 

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